2010
Trois poèmes pour Orphée
1
Porte d’or
Soif d’île
Soif d’argile
et de rosée fertile
L’aubade bleue
ailes frangées
de roses
métamorphose
le réveil
Porte d’or
porte l’or
dans le cœur de l’aubier
C’est le repos
Le vent
s’est couché
sur l’eau
sur l’or
sur l’aurore
2
Odyssée fabuleuse
Astre de porphyre
encore imprégné
de la chaleur de son volcan
C’est un grand vaisseau
qui navigue dans l’âme
Soufflé par un vent de galerne
il gonfle
ses voiles
domine
les océans
franchit
les horizons
vogue
jusqu’au faîte de la douleur
et gravite
autour de l’extase
Odyssée fabuleuse
loin des récifs
menaçants
et des sirènes
monstrueuses
3
Feuille d’eau
Une feuille d’eau
en équilibre
sur une tige de vent
Chavire le silence
Fontaine qui chante
émouvantes
les pousses de tes branches
Ton onde bleue
se dresse comme une gerbe
et mouille déjà
mes yeux
2013
Comme un secret
Très haut dans la nuit
la pluie s’émiette
comme un secret
Elle tombe doucement
sans abîmer les ailes des fleurs
ni celles des porteuses de miel
Résonnances fluides de la mer
hérissée de légers frissonnements
Fragments de joie
que bercent les vagues de l’âme
Comme ces miettes sont belles!
Je les entends passer
avec le temps qui siffle
dans l’embrasure du soir
crépuscule noir
où les rêves s’effilochent
comme des nuages
et leurs souvenirs s’emmêlent
dans un filet de larmes
Je les vois s’engraver
sur l’ultime rivage
pendant que dans leur corps
la vie s’émiette
comme un secret
2014
Ombres du Feu
L’obscurité
chasse le jour
Minuit
sonne gris
Une vieille fleur
se courbe et meurt
Ombres du Feu
silhouettes éphémères
regardez
regardez bien là-haut
un fil d’eau coule
sur l’étoile qui boite
est-ce une larme?
2015
Les îles retrouvées
Appuyé contre la nuit
je ne me lasse pas
de regarder le ciel
Quand l’aurore jette l’ancre
sur le pâle horizon
je vois le jour
déferler sur des mers invisibles
suspendues à mon souffle
Îles de grands vertiges
je vous retrouve enfin
moi
votre pêcheur d’images
et de dessins miroir
J’ai tant marché
dans le bel ocre du soleil
marché jusqu’à me perdre
dans le silence de ses miroitements
reverrai-je
un jour
mon petit jardin de bois
sculpté à l’envers
dans ma chambre d’enfant